Au moyen de ce site Internet www.revue-sociologique.org d'accès libre, nous souhaitons mettre à la disposition d'un large public, d'un coté, des entretiens filmés avec des enseignants chercheurs en sociologie autour de leurs travaux et de leurs démarches de recherche, et de l'autre, des publications de jeunes chercheurs.
La sociologie est plurielle et, de Durkheim à Weber en passant par Marx, Simmel et Elias, jusqu’aux innombrables références philosophiques qui la traversent, cette pluralité ne manque pas de laisser perplexe. D’autant plus perplexe que cette pluralité peut même, par moments, renfermer des intérêts politiques sous couvert d’une "guerre" pour la scientificité. Que reste-il alors à la sociologie et à ceux qui veulent la connaître en définitive, sinon une série de questionnement qui, chaque fois que l’on tente de s’y attaquer, la dépouillent un peu plus : Durkheim ou Weber ? Qualitatif ou quantitatif ? Sociologie critique ou sociologie d’intervention ? Agent ou acteur social ? Modernité ou postmodernité ? etc.
Ces questions, qui sont en elles-mêmes tout à fait légitimes et des plus intéressantes, deviennent malheureusement très vite problématiques, freinant la connaissance, dès lors qu’elles se voient rapportées à la discipline toute entière, dès lors qu’elles servent non plus la science mais la confusion, non plus le débat et l’échange mais la mésentente et l’exclusion.
Plutôt que de trancher pour une épistémologie, pour une méthode ou pour tel ou tel thème de recherche, plutôt que de trancher pour tel ou tel laboratoire, pour telle ou telle appartenance politique, ou encore pour telle ou telle localisation géographique, nous avons choisi d’unifier ici la sociologie de la manière la plus pragmatique qui soit, non pas au moyen d’une appellation mais d’une pratique habitée de part en part par un raisonnement : le raisonnement sociologique.
Telle est la ligne de conduite que nous nous sommes fixée. Elle consiste à aller chercher la sociologie là où en apparence, et en apparence seulement, elle semble absente, c'est-à-dire dans sa diversité. Car la sociologie c’est d’abord ceux qui la font.
En effet, aussi éparse peut-elle paraître, elle est pourtant là, à travers un fond commun, un héritage que chaque sociologue affectionne, valorise ou exploite quotidiennement au travers de son travail de sociologue. Soit, tout ne se ressemble pas, mais tout part bien d’un même point et d’un même constat. Aussi, cette mise en perspective est-elle des plus intéressantes, puisqu’elle montre rien de moins que nous sommes tous, en tant que sociologues, originaires d’un même lieu et guidés par un horizon commun.
Nous avons donc choisi la métaphore de l’horizon comme symbole de cette entreprise scientifique, en tant qu’il renfermerait un idéal à atteindre, mais en tant qu’il est aussi un idéal jamais atteint, qui vient du même coup mettre l’accent sinon sur l’aspect utopiste de cette démarche – rendre compte de l’unité d’une pratique, d’une infinité – du moins sur son coté éphémère : la ligne d’horizon est une frontière indépassable, et chaque pas que l’on fait en sa direction nous en éloigne un peu plus.
Salim Beghdadi, Ph. D., UQÀM
Quentin Delavictoire, UQÀM